Le Bauhaus, aujourd’hui loué comme l’un des géants de l’histoire de l’architecture, de l’art et du design, a secoué les fondements en fusionnant l’art et l’architecture, prônant la démocratisation. Bien plus qu’un simple mouvement, le Bauhaus est une institution. Au-delà d’une simple école, c’est une essence, une révolution incarnée. Ce mouvement inspire encore les différentes industries créatives, passant par l’architecture, le graphisme mais également la mode. Mais qu’est-ce que le Bauhaus ? et comment un mouvement architectural peut-il toujours se refléter dans le monde de la mode ?
Illustration graphique inspiré du mouvement artistique Bauhaus.
Les racines du mouvement.
Le Bauhaus (maison de la construction en allemand), fondé par Walter Gropius en 1919 est fondé sur le principe d’unification de l’art et de l’architecture. Conçu dans un contexte d’après-guerre, dans lequel l’Allemagne est un pays ruiné, la population souffre d’une période de mécontentement et de crise économique. C’est dans ce contexte que le Bauhaus s’inscrit tel une aventure humaine : 1287 étudiants de 1919 à 1933. Et oui le Bauhaus est avant tout une école pluridisciplinaire avec l’architecture comme discipline centrale. On y retrouve une vie communautaire avec des pratiques associés au quotidien, club de musique, de sport… Ils décident avec les étudiants de créer des ateliers afin de produire des meubles, ces derniers trop onéreux à l’achat direct.
Ces ateliers, deviennent leurs sources de revenus, en permettant la commercialisation des idées du Bauhaus. Ateliers d’imprimerie, de réclame et même de typographie qui est l’un des plus productif. Également un atelier des métaux, créé en 1919, d’où sortirons de nombreux objets devenus classiques. L’essence du mouvement vient elle de l’atelier de meuble, où l’objectif est de répondre au besoin de la standardisation, c’est à dire produire des meubles adaptables, multifonctionnels et démontables.
Facade du Bauhaus
Chaises porte à faux de Mart Stam
Les classiques redéfinissant les frontières créatives.
Du Bauhaus sortiront de nombreux objets devenus des classiques… Passant de la théière de Marianne Brandt en 1924, à sa lampe Kandem en 1926 qui s’empreignent de codes avant-gardistes de l’époque, et de l’expressionnisme à l’art populaire, ainsi qu’à la lampe de table Wilhelm Wagenfeld pour ce qui concerne l’atelier des métaux. À l’atelier des meubles on retrouve la fameuse chaise en porte à faux (1926) de Marte Stam qui réussit pour la première fois à « mouler » du métal. Quant à l’atelier VII, atelier textile, on y verra former Otti Berger ou encore Anni Albers.
Toutes ces créations, alliaient technique et esthétique dans le but de bâtir un meilleure environnement quotidien pout l’être humain.
Son reflet dans la mode.
Le lien entre le Bauhaus et la société, dans son ensemble, commence par son héritage. Cet héritage, parfois presque spirituel, aurait pu sembler se limiter aux domaines de l’architecture et du mobilier. Cependant, le Bauhaus impacte également un tout autre domaine esthétique : la mode.
Cette fusion des arts, fondement de l’esprit Bauhaus, devient le rêve de nombreux créateurs. Ici, l’accent est mis sur l’essence des choses. Les silhouettes deviennent épurées, les couleurs primaires (blanc et noir) dominent, et les lignes sont nettes, précises, à l’image de la collection automne-hiver 2019 de Jil Sander. Certains intègrent la philosophie Bauhaus dans la conception même des vêtements, tandis que d’autres hissent leurs créations comme un hommage à cette école.
Le résultat ? Des visions presque surréalistes chez des designers tels que Thom Brown ou Walter Van Beirendonck, où les figures se mêlent à des sphères colorées ou à des visages en mosaïque. Cette source d’inspiration touche également des marques plus haut de gamme comme COS, qui, pour sa première ligne Archive Editions, puise son inspiration dans les fondements du mouvement tout en restant fidèle à sa philosophie minimaliste. Des éléments graphiques tels que les rayures et les carreaux se marient pour mettre en valeur la coupe des vêtements.
Première mouture de la ligne Archive Edition de COS
Silhouettes inspirées du mouvement Bauhaus, Jil sander, Rick Owens, Tom Brown et Walter Van Beirendonck
Le Bauhaus, avec sa simplicité et son souci d’efficacité, visait à transformer la vie quotidienne en favorisant une approche dépouillée de l’art. Cela signifiait servir l’idéal de l' »homme nouveau » et promouvoir une utopie post-guerre où l’art contribuerait au progrès communautaire. Fondamentalement, le Bauhaus n’était pas seulement une école, mais aussi une vision utopique influencée par un optimisme caractéristique du XXe siècle en ce qui concerne le progrès technologique, scientifique, social et égalitaire. Il reflétait les tendances majeures de son époque, telles que la standardisation, la reconstruction et le libéralisme. Bien que l’école ait officiellement fermé en 1930, l’héritage du Bauhaus demeure vivant, aussi bien dans sa forme matérielle qu’immatérielle.